Les peintures sous les arcades du mur latéral nord (gauche) de la nef sont dédiées à Sainte Hildegarde de Bingen (1098–1179), patronne de l’abbaye. Comme P. Paulus Krebs se considérait lui-même «Peintre de Sainte Hildegarde», il réalisa ses peintures avec un soin et une dévotion toute particulière. Une série de cinq peintures représente des scènes importantes de la vie de la sainte.

En remontant vers le chœur :

1. Sainte Hildegarde arrive chez Sainte Jutta, au Disibodenberg. A l’âge de 14 ans, Hildegarde est confiée à Jutta de Sponheim, pour son éducation et son instruction. Elle va vivre désormais en sa compagnie dans un couvent dépendant du monastère de Disibodenberg. Le couvent va très vite se développer au fil des années. A 15 ans, Hildegarde prononce ses vœux. Plus tard, à la mort de Jutta, Hildegarde est élue mère spirituelle de la communauté conventuelle.

2. Sainte Hildegarde part s’installer au Rupertsberg près de Bingen. En 1150, Hildegarde de Bingen quitte le Disibodenberg pour aller s’installer au Rupertsberg où elle a fait construire un plus grand cloître. Le Rupertsberg devient sa vraie maison monastique. C’est là, qu’elle rédigera ses grandes œuvres inspirées de ses visions. A partir du Rupertsberg, elle fondera aussi le couvent d’Eibingen.

3. A Ingelheim, Sainte Hildegarde parle à l’empereur Barberousse. Hildegarde n’était pas seulement abbesse et prophétesse mais aussi conseillère auprès de beaucoup de ses contemporains. Elle entretint une large correspondance avec de grands personnages de l’époque, et d’autres moins illustres et entreprit différents voyages, pour enseigner et prodiguer ses conseils. En amont du Rhin, à Ingelheim sur la rive gauche, l’empereur Frédéric Barberousse avait installé son armée et en même temps sa cour. Il souhaita rencontrer la célèbre abbesse. Le sujet et le détail de leur conversation restent inconnus mais ce qui est certain, c’est que l’empereur traita Hildegarde et son monastère manifestement avec déférence et lui octroya en 1163, un sauf-conduit.

4. Sainte Hildegarde fonde Eibingen et guérit un jeune aveugle. La renommée de Sainte Hildegarde attire de plus en plus de jeunes filles au couvent de Rupertsberg. Celui-ci ayant été construit pour héberger une cinquantaine de religieuses devient très vite trop petit. Hildegarde acquiert, alors, en 1165, un ancien double monastère augustin à Eibingen, près de Rüdesheim et le réoccupe. Hildegarde reste abbesse au Rupertsberg et traverse le Rhin en bateau, 2 fois par semaine, pour se rendre à Eibingen. Lors d’une de ces traversées, on raconte qu’elle aurait rendu la vue à un jeune garçon aveugle en lui humectant les yeux avec de l’eau du Rhin.

5. Les signes qui apparaissent dans le Ciel, à la mort de Sainte Hildegarde. Sainte Hildegarde meurt le matin du 17 septembre 1179. On rapporte qu’après sa mort, une merveilleuse lumière apparut dans le ciel et l’on put apercevoir, au milieu de cette lumière ardente, une croix rouge étincelante.

Les peintures murales du bas-côté sont également dédiées à Sainte Hildegarde ainsi qu’à d’autres saintes femmes de l’ordre bénédictin. Au dessus de la porte de la sacristie, sur le mur est, Hildegarde est représentée avec une plume dans la main droite. Sur le mur ouest, en face, sont représentées 5 saintes femmes : Margareth de Rupertsberg, Hiltraud de Rupertsberg, Jutta de Sponheim, Ida de Rupertsberg et Elisabeth de Schönau. Toutes les cinq saintes présentent les mêmes traits stylisés et réguliers du visage et de la silhouette.

Le long du mur entre les fenêtres, nous apercevons plusieurs peintures de saintes bénédictines. Leur aspect ne correspond pas à la réalité historique et est, lui aussi, volontairement stylisé par l’artiste pour montrer qu’il ne s’agit pas ici de peindre uniquement l’histoire religieuse mais plutôt d’en discerner le caractère symbolique et le message de foi.

En quittant l’église, on aperçoit une inscription au dessus du portail. Celle-ci est dédiée, en reconnaissance, au fondateur et constructeur de l’abbaye et de l’église, Prince Karl de Löwenstein. Ce qu’il a fondé en 1900 a déjà, jusqu’à nos jours, largement porté ses fruits. L’église abbatiale de Sainte Hildegarde est, chaque année, visitée par des milliers de pèlerins qui, sur les pas de Sainte Hildegarde, viennent célébrer, ensemble avec nos sœurs, la louange de Dieu.