C’est à l’évêque Peter Josef Blum de Limburg (1842-1883) que nous devons le projet de fonder un nouveau monastère destiné à faire revivre l’ancienne maison religieuse d’Eibingen et indirectement celle de Rupertsberg, détruite en 1632 par les Suédois. Grâce à ses efforts et ceux de Ludwig Schneider, prêtre d’Eibingen de 1840 à 1864, la vénération pour Sainte Hildegarde reprend, au 19ème siècle, un nouvel élan déterminant. L’évêque Blum, suspendu de ses fonctions lors du conflit entre Gallicans et Ultramontains des années 1876 à 1883, trouve asile, chez le Prince Charles de Löwenstein-Wertheim-Rosenberg, au château de Haid en Bohême. Son successeur, l’évêque Dr. Karl Klein, également très proche de la famille princière lui confiera, dès le début, ce projet de faire renaître la vie monastique d’Eibingen.
Le Prince l’écoute avec grand intérêt car il y voit l’occasion de restituer à l’Église les biens sécularisés qui avaient été cédés à sa famille par un décret de 1803, le «Reichsdeputationshauptschluß». Sa fille aînée Bénédicte, une sœur de l’abbaye Sainte Cécile à Solesmes en France deviendrait la première abbesse de la nouvelle abbaye. Lorsque celle-ci meurt inopinément le 2 juillet 1896, âgée à peine de 36 ans, le Prince de Löwenstein reste malgré tout fidèle à sa promesse et ne recule devant aucun effort financier et sacrifice personnel pour la construction de la nouvelle abbaye.
Celle-ci devait être construite en haut du village d’Eibingen . Le matériau de construction – un grès entremêlé de quartzite – est directement extrait sur place, de la roche. C’est le Père Ludger Rincklage, moine à l’abbaye de Maria Laach et architecte de formation qui prend la direction des plans et des travaux. Le 2 juillet 1900, le Père Abbé Placidus Wolter de Beuron, venu remplacer dans la région l’évêque malade Dominikus Willi, pose officiellement la première pierre du nouveau monastère.