La vie monastique

Sœurs de l’abbaye Sainte Hildegarde, nous vivons comme toutes les autres bénédictines, en observant une Règle, vieille de plus de 1400 ans et qui remonte à Saint Benoît. Cette Règle est l’héritage d’une longue tradition monastique mais également d’une expérience spirituelle très personnelle. Empreinte de l’amour de Dieu, d’humanité, de joie en la foi pascale en symbiose avec des connaissances élémentaires sur tout ce qui concerne l’homme, la Règle n’a pas changé, dans ses principes de base et est toujours appliquée de nos jours.

La vie conventuelle, monastique, c’est à dire contemplative consiste à chercher et à vivre chaque jour en présence de Dieu. C’est pourquoi, cette vie est imprégnée de la louange de Dieu et de la prière. Elle consiste à offrir chacune de ses journées à Dieu et à les bénir. La recherche de Dieu est donc la raison et le centre de toute vie monastique. Celui qui entre dans une maison religieuse bénédictine aspire à une réponse claire à l’appel de Dieu. Il est, dans le vrai sens du terme «appelé». C’est pourquoi, il promet de vivre selon l’Évangile, de faire de Dieu le centre de son existence, de Le chercher dans chaque personne, chaque événement et cela, à l’intérieur d’une communauté de personnes qui ont choisi le même chemin.

La vie bénédictine est une vie essentiellement communautaire. La communauté monastique se considère comme une image et une partie de l’Église. Dans une communauté dont la vie est tournée vers Dieu, chaque membre trouve motivation et assistance. La communauté nous soutient et nous aide aussi à supporter, à vaincre les épreuves rencontrées sur notre route vers Dieu.

Une aide essentielle, sur notre chemin, est le silence, le premier à permettre une véritable écoute. L’espace clos du cloître cherche à protéger cet endroit de recueillement. C’est dans le silence, la paix et la méditation que l’homme s’approche de plus en plus de Dieu, de son prochain et de soi-même. Cette solitude devant Dieu implique de l’endurance. Seul, celui qui a appris à supporter cette épreuve, en lui-même et devant Dieu est en mesure de participer à la construction de la communauté.

La direction de la communauté conventuelle incombe à la mère abbesse. Celle-ci est élue par la communauté et instituée solennellement dans ses fonctions par l’Église. La tâche la plus importante de l’abbesse n’est pas de gérer les intérêts externes et internes du couvent mais d’approfondir la foi et de renforcer l’amour dans la communauté. L’abbesse est garante de l’unité dans la diversité. Elle remplit ses fonctions, toujours disponible au dialogue avec chacune des sœurs. Pour toute question ou décision importante, elle réunit toute la communauté entière en conseil.

Après une période probatoire de presque 6 ans, une bénédictine se lie elle-même à Dieu et à la communauté conventuelle par trois vœux:

Par le vœu de stabilité – «Stabilitas» – nous nous engageons à rester, à persévérer à l’endroit où nous avons choisi de vivre et à consacrer notre vie entière à Dieu. Nous n’aspirons pas à changer notre environnement ou les circonstances extérieures mais plutôt nous-mêmes.

Par le vœu de conversion de notre vie – «Conversatio morum», nous promettons de vivre selon l’Évangile. L’appel de Dieu adressé à chaque Chrétien d’être toujours prêt à se relever, à repenser, à changer de route prend ici toute sa signification et sa valeur. Un tel appel est aussi un encouragement, sans cesse renouvelé à ne pas désespérer devant nos propres faiblesses mais plutôt à être prêt, inlassablement, à reprendre un nouveau départ.

Par le voeu d’obéissance – «Oboedientia», nous nous mettons au service d’autrui, consciemment et volontairement dans la foi d’accomplir, de cette manière, la volonté de Dieu. L’obéissance que nous observons par amour pour le Christ et ses disciples nous évite de tomber dans le piège de l’égocentrisme et de rester prisonnières de nos propres idées. Par l’écoute, l’ouverture au dialogue, en nous soumettant à l’autre, nous essayons d’être ouvertes à Dieu et à notre prochain.

Outre la recherche de Dieu qui reste le critère primordial d’authenticité de la vocation, Saint Benoît mentionne le «zèle pour l’office divin» comme un caractère essentiel du vrai moine. L’office divin et la liturgie occupent donc une place centrale dans notre vie monastique. Comme rien ne peut être préféré à l’office divin, selon le précepte de Saint Benoît, la journée s’organise autour des temps de prière. Sept fois par jour, la communauté se réunit dans le chœur pour prier ensemble.

Conformément à la tradition monastique de l’Église, l’office divin à l’abbaye Sainte Hildegarde, est généralement chanté en latin pour exprimer ainsi notre solidarité envers l’Église universelle. Pendant la célébration quotidienne de l’Eucharistie, milieu de la journée monastique, nous entretenons sciemment l’usage du chant grégorien qui interprète musicalement la parole de Dieu, de manière unique et qui fait partie des grandes traditions de l’Église occidentale. Au cœur de l’office divin, les psaumes ont une signification fondamentale. Tout ce que l’homme ressent, vit est exprimé admirablement dans ces chants et prières de l’Ancien Testament: louange et gratitude, rappel des actes de salut et de miséricorde divine, confiance et joie, recherche désespérée de Dieu, douleur, lamentations et prière d’intercession. Toutes les détresses et les joies du monde ainsi que les prières personnelles de tous ceux qui nous sont proches sont remises à Dieu.

«Les moines – et les moniales – doivent vivre du travail de leurs mains» comme nous le dit Saint Benoît dans sa Règle. Le travail assure, donc, d’une part, la subsistance de la communauté et d’autre part, joue un rôle important dans la vie spirituelle. «Ora et labora» – la prière et le travail forment une unité indivisible.

Un monastère de 56 sœurs (comprenant 5 générations), 8 employés et une vingtaine d’hôtes en moyenne implique en premier lieu des tâches ménagères

qu’il est indispensable d’accomplir quotidiennement pour l’entretien et le bon fonctionnement de la communauté : cuisine, lessive, entretien du verger et du potager, des terres et des bâtiments, travaux de couture, de menuiserie, service infirmerie et administratif. Beaucoup de nos sœurs s’engagent à fond et avec amour dans leurs tâches journalières. Et ce sont surtout tous les travaux qui passent inaperçus de l’extérieur qui contribuent au soutien et à la consolidation de la communauté bénédictine. On pourrait donc la comparer, sur ce point, à une famille nombreuse traditionnelle avec tout son travail et ses préoccupations quotidiennes.

Poursuivant la tradition de notre abbaye, certaines sœurs se consacrent à l’étude approfondie d’Hildegarde et de ses connaissances. Les grandes éditions de critiques de textes de l’œuvre de notre sainte patronne ont été publiées par les sœurs de notre communauté. Ces éditions ont donné naissance à d’autres travaux individuels de recherche qui commencent aujourd’hui à se concrétiser. A côté, plusieurs autres sœurs s’occupent, toute l’année, d’accompagner les groupes de visiteurs et de pèlerins sur les pas de Sainte Hildegarde en leur faisant découvrir, au cours de discours ou conférences, sa vie, son œuvre ou la vie bénédictine.

Depuis ses origines, la vie monastique a toujours été associée à un travail apostolique. Ces dernières années, notre communauté s’est penchée à nouveau sur cette ancienne tradition, se fixant de nouveaux défis pour pouvoir répondre à de nouvelles demandes. Une de nos sœurs est responsable de la direction spirituelle des aumôniers militaires allemands. Et depuis juillet 2002, une deuxième sœur s’occupe des pèlerins venus visiter la châsse de Sainte Hildegarde située dans l’ancienne église abbatiale, aujourd’hui église paroissiale Sainte Hildegarde, à Eibingen.

Le soutien financier de la communauté est assuré directement par les activités économiques de l’abbaye. Dans la boutique – livres et objets d’art – une équipe de 4 sœurs et de deux employées s’efforce de répondre à la demande de chaque client en particulier qui, intéressé à la culture et à la spiritualité, cherche: des livres religieux, une littérature choisie, des guides et conseils sur l’art de vivre, des cartes, de l’art, des objets en céramique, des icônes et des calendriers. Le grand choix d’articles invite le visiteur à se mouvoir et à s’attarder dans un espace qui se prête aux contacts et aux échanges personnels. Il peut également, de chez lui, passer sa commande par téléphone, téléfax, courrier électronique ou via Internet.

Les ateliers d’art contribuent, également en grande partie à la subsistance de notre communauté. Notre sœur, maître orfèvre conçoit et réalise (aussi sur commande) des objets sacrés et des bijoux de tous genres. Des travaux de modification sont aussi très demandés par la clientèle.

Les travaux de calligraphie sont réalisés sur commande par Sœur Michaela.

Enfin, dans les ateliers de céramique et de poterie, nous trouvons un grand choix de reliefs et de sculptures ainsi que des objets de poterie utilitaires. Les commandes sont étudiées et réalisées chacune avec soin.

Tous nos travaux réalisés dans les ateliers d’art sont exposés lors des «Journées de Rencontre» qui ont lieu tous les deux ans, en septembre.

Notre atelier de restauration des archives de l’Église restaure des manuscrits anciens, des incunables et des livres. L’atelier a été fondé et aménagé en 1973/1974 par ordre de la Conférence Episcopale Allemande et travaille exclusivement pour les Archives diocésaines de 23 diocèses allemands. Nous ne pouvons malheureusement pas assumer les travaux privés de restauration mais restons volontiers à votre disposition pour vous conseiller et vous mettre en contact éventuellement avec d’autres ateliers de restauration.

L’hospitalité est une des valeurs fondamentales de la vie bénédictine que Saint Benoît nous a inculquée et déposée précieusement dans le cœur: «Tous les hôtes qui surviennent seront reçus au monastère comme le Christ» (Règle de Saint Benoît 53,1). Tous sont les bienvenus et toujours. Chacun est invité à prier avec nous, à nous parler, à passer ici quelque temps dans le silence et la réflexion. Leur croyance ou leur idéologie ne jouent aucun rôle dans l’accueil que nous leur offrons. Des personnes, venant de partout, se retrouvent ici, ensemble à la recherche des sources de la vie. Ils peuvent, chacun, participer, dans un certain cadre, à la journée monastique, pour une période maximale d’une semaine, exceptionnellement plus longue dans certains cas.

Le Cercle d’Amis de notre abbaye, fondé en octobre 2001 par 40 personnalités et qui compte déjà aujourd’hui plus de 250 membres, s’est donné pour mission de soutenir matériellement ou d’une autre manière notre communauté dans ses tâches culturelles, spirituelles et pastorales.

Nous vous invitons de tout cœur à rejoindre notre cercle d’amis et restons ouvertes à tous, car «… que deux ou trois soient réunis en Mon Nom, Je suis là au milieu d’eux» (Mt 18,20).

Le cercle d’amis organise régulièrement des conférences, débats, concerts ou autres évènements qui sont à chaque fois une occasion de rencontres et d’échanges. Nous vous envoyons volontiers notre programme annuel et – si vous souhaitez devenir membre – le formulaire d’inscription.

Notre communauté d’oblats est un groupe d’hommes et de femmes, mariés ou célibataires vivant dans le monde, en appliquant la Règle de Saint Benoît dans leur vie quotidienne. Par une promesse – l’oblation – ils se sont joints à notre prière et à notre mission.

Dans la mesure de leurs possibilités, les oblats participent à l’office divin et à la messe. Notre monastère offre, à notre communauté d’oblats : des jours de retraite trois fois par an, une circulaire les informant régulièrement et un accompagnement spirituel continu grâce à notre rectrice des oblats, Sœur Lydia Stritzl.